JEUDI SAINT

(Ex12,1-8.11-14 ; Ps115 (116B),12-13,15-16ac,17-18 ;1Co11,23-26 ; Jn13,1-15)

Mes Sœurs et Mes Frères,

Nous entrons ce soir dans l’espace de trois jours qui retracent le passage de Jésus vers la maison de son Père et de notre Père.
Pour la première fois, Jésus institue lui-même l’Eucharistie en bénissant le pain et le vin. Par ce sacrement de l’Amour, il nous offre son corps et son sang pour notre bonheur en Dieu. Il nous rappelle également son immense amour pour chacune et chacun d’entre nous par le geste du lavement des pieds.
Ce geste, nous purifie complètement et définitivement une fois pour toute. Nous ne le comprendrons qu’à la lumière de la passion et de la résurrection du Christ. « Ce que je fais, tu ne le comprends pas pour l’instant, tu le comprendras plus tard » (Jn 13.7) dit Jésus à Pierre. Celui-ci n’accepte pas que son maître inverse les rôles : celui qu’il reconnait comme Seigneur ne saurait effectuer une tâche ordinaire réservée à des gens de condition inférieure. Son autorité s’en trouverait démentie, sa mission obscurcie. Pierre a une notion mondaine de l’autorité. Jésus nous dit que l’autorité, la véritable, n’est qu’un service. Le service de la croix qui demande la purification régulière de notre conscience au cours de notre marche imparfaite sur cette terre.
« Celui qui s’est baigné est entièrement pur, il lui suffit de se laver les pieds. Or vous, vous êtes purs, mais pas tous » (Jn 13.10).
Jésus insiste sur la suffisance de la purification qu’il s’apprête à accomplir pour nous. Il affirme que la purification initiale, celle de sa croix, est fondamentale. Nous n’avons pas besoin de la répéter une deuxième fois. Il nous enseigne qu’après le bain complet accompli à la croix une fois pour toute, seul un lavement des pieds régulier est nécessaire.
« Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice » (1 Jn 1.9). Le lavement des pieds signifie que la reconnaissance de nos péchés fait partie intégrante de notre vie.
« Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous devez, vous aussi, vous laver les pieds les uns aux autres. Je viens de vous donner un exemple, pour qu’à votre tour vous agissiez comme j’ai agi envers vous » (Jn 13.14-15). L’humilité est nécessaire au service mutuel.

Nous sommes donc invités à la même abnégation dans le service aux autres, à la même manifestation d’Amour.
Frères et sœurs, l’amour est essentiel à la vie. Nul n’en doute ! La relation à Dieu est fondamentalement fondée sur cette valeur sûre. Dieu la porte comme deuxième nom. Comprenons dès lors que ce qui fait que nous sommes, est un don. L’acte du créateur étant un acte d’amour inconditionnel : il ne nous dit pas de retourner vers lui avec notre avoir, notre pouvoir et notre savoir mais seulement par amour.
L’amour c’est le plus beau cadeau mais en même temps, il contient le piège de la prison et l’horizon de la libération. L’amour spirituel libère mais l’amour égoïste emprisonne.
« A partir de l’amour humain, on peut accéder à l’amour divin, si et seulement si on enlève de l’amour humain son égoïsme » (Deus Caritas Est) BENOÎT XVI. Faisons de notre amour des horizons de libération. Sachons dire, je t’aime, en même temps, donnons l’exemple de cet amour et laissons la liberté à l’autre d’en vivre.
Amen !

Pierre SONTE, Curé

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