Mes Sœurs et Mes Frères,
Je suis très heureux de vous joindre là où vous êtes par le biais de cette méditation sur la vie. Quel que soit la situation que vous vivez actuellement agréable ou triste, rassurez-vous de l’amour, du soutien indéfectible de notre Seigneur Jésus-Christ comme il en témoigne à l’égard de Marthe et Marie dans l’évangile de ce jour. Marthe, la sœur de Lazare nous montre comment avec une totale espérance, la confiance dans le Seigneur peut être efficace quand la vie est fortement ébranlée.
Notre Dieu, est un Dieu qui pleure lorsque nous pleurons, un Dieu qui souffre lorsque nous souffrons, un Dieu qui est dans l’allégresse quand nous sommes dans la joie. Il agit en faveur de la vie. « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant ; la vie de l’homme, c’est de contempler Dieu » (C.H., livre 4, 20 :7), nous dit Saint Iréné de Lyon.
Grande est dans l’évangile, l’émotion de Jésus. Il pleure comme rarement, toute son humanité ressort et à travers les pleurs de ce Jésus pleinement homme et Dieu en même temps, un Dieu qui apporte son soutien et son réconfort, on assiste à une sorte d’anoblissement de notre condition humaine.
Le prophète Isaïe nous l’a rappelé dans la première lecture que nous entendions « Ainsi parle le Seigneur Dieu. Je vais ouvrir vos tombeaux. Et je vous en ferai remonter ô mon peuple et je vous ramènerai sur la terre d’Israël (…). Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez » (Ez.37, 12.14).
Frères et sœurs, il y a beaucoup d’espérance en cette période de crise sanitaire. L’espérance doit être la dernière à mourir. Elle permet de passer de la survie à la vie, de la résistance à l’acceptation de tous les sentiments, telle la solitude.
Ce matin, j’aimerais également parler de cette dernière (la solitude) qui peut nous faire glisser dans la mort, même vivant. Quand elle n’est pas choisie librement, elle nous dépossède et nous met face à l’abîme. Mais quand elle est acceptée, elle favorise le retour sur soi, elle devient source de bonheur et de plénitude.
Vivons cette période de confinement comme une quête de vision : être dans le même endroit et peu à peu le monde que nous connaissons prend une autre saveur. Toutes nos réalités nous apparaissent différentes d’un point de vue immobile. Nous cessons de courir. Cet état particulier dans lequel nous sommes contraint, fait voler en éclat le monde irréel dans lequel nous étions jusqu’il y a peu. Nous rencontrons dès lors cette angoisse de la solitude et la peur d’être seul.
En fait, pour y pallier, la société nous a façonnée des liens : le lien du mariage, de la famille, des amis (…), sommes toutes nobles mais qui peuvent donner l’illusion de ne pas être seul. Nos vies remplies de multiples activités, d’amis à voir, une vie qui ne s’arrête pas, se dire : « je suis en couple, je suis en famille ». Mais quand tout s’arrête comme maintenant. La réalité du lien apparaît. Et pour bon nombre d’entre nous, c’est la découverte d’être seul à deux, en famille ou simplement d’être seul, tout seul. Cela peut être violent ou triste et le temps à vivre devient extrêmement difficile. Si tel est notre cas, reconnaissons-le, parlons-en avec notre famille, nos amis de cette découverte de notre réalité intérieure. Accueillons tout simplement l’expérience du réel et recréons les liens.
Lorsque nous aurons touchés et apprivoisés notre solitude, demain nous aurons gagné en authenticité et serons dans un réel partage. Que ce temps de confinement, soit une belle retraite pour chacune et chacun.
Nos simples forces ne suffisent pas pour y arriver. Comptons également avec la parole du Seigneur prononcée par le prophète Ezéchiel : « Je mettrai en vous mon esprit et vous vivrez ».
Mettons-y du cœur. Ce que nous ne pouvons pas changer, nous pouvons l’accompagner. Traverser cette épreuve ensemble, c’est se donner une chance pour demain et une vie dès aujourd’hui.
C’est mon souhait pour vous, c’est ce que je souhaite à chacune et chacun d’entre nous.
Amen !
Pierre SONTE, curé